Prise de position de l’association Autisme Genève

Jeudi, le Temps a publié 2 articles que vous trouverez en annexe. Nous vous transmettons ci-dessous la position de l’association suite à ces parutions.

Les collaborateurs hurlent, les syndicats revendiquent, les politiques s’indignent …. Et les enfants, eux, restent silencieux…

Nous sommes l’association Autisme Genève.
Nous sommes plus de 700 : des personnes autistes, des familles de personnes autistes et des professionnels passionnés à Genève.

Et aujourd’hui, nous sommes stupéfaits.
Nous sommes atterrés.
Nous sommes consternés.

Aujourd’hui, à Genève, on dénonce dans la presse une situation au sein d’un foyer où des enfants autistes ou porteurs d’autres handicaps subissent des maltraitances institutionnelles. Des enfants qui ont vraiment souffert, dans un silence assourdissant.

Oui, des enfants. Ce sont des enfants. Nous connaissons leurs prénoms, nous connaissons leurs visages. Ce sont des enfants.
Ils ne sont pas « des cas très lourds », pas « une population difficile à gérer », ils sont des enfants.

Lire l’interview de la directrice de l’Association suite à ces publications.
Le Temps, 8 octobre 2021.

Ou télécharger le pdf en cliquant sur l’image ci-dessus.

Il faut le souligner, nous ne découvrons pas cette situation aujourd’hui, nous la suivons depuis des années. Précisément, depuis juillet 2019, nous alertons la hiérarchie du DIP et de l’OMP, nous dénonçons des conditions d’accueil déplorables, des pratiques inadaptées aux besoins des enfants. Nous faisons remarquer des signes de traumatismes de nos enfants, nous rapportons la détresse des équipes, nous réitérons régulièrement notre inquiétude pour l’intégrité des enfants… Nous avons la faiblesse de croire en nos interlocuteurs qui se démènent, entament des procédures, promettent des résultats, convoquent des collaborateurs …

Et pendant ce temps-là, les enfants souffrent, dans un silence assourdissant.

Alors, demain que va-t-il se passer ? Des centaines de formulaires vont être remplis, des rapports détaillés seront rédigés, mobilisant des collaborateurs déjà submergés par des procédures administratives rocambolesques…. Une directrice endossera la responsabilité de ce chaos, on ne remettra pas en question les sources et les défaillances d’un système tout entier, on parlera d’une façon réductrice de la seule défense d’une éducatrice par un syndicat, un collaborateur recevra une petite tape sur les doigts, trois éducateurs recevront 2 heures de formation… Quelques plantes vertes et un joli canapé seront installés dans les espaces communs, et voici que tout rentrera dans l’ordre dans le merveilleux foyer de Mancy.

Nous sommes atterrés.

A ce stade, nous ne sommes plus intéressés de savoir qui doit être blâmé en premier. Des professionnels surmenés-mal traités-démotivés-mal formés, des recrutements hâtifs, des équipes dépassées, un manque permanent de ressources, des directeurs incompétents, des locaux dignes de nos pires cauchemars, des départements submergés, des moyens qui manquent…

Nous sommes consternés.

Et si le foyer de Mancy était le seul objet de notre préoccupation, finalement, quelle joie !

Mais la réalité est tout autre… Chaque année, notre association reçoit des centaines de familles. Des situations de maltraitance en foyer, oui, mais pas seulement ! Des inclusions scolaires mal accompagnées, une absence perpétuelle de formation des intervenants, un manque dramatique d’accompagnement à la maison, des burn out parentaux, des orientations abusives d’élèves vers le système scolaire spécialisé… Nous pourrions continuer ainsi des heures.

A vrai dire, face à l’ampleur du problème… Nous pourrions être tentés de nous effondrer. Mais nous n’avons pas le droit. Nous sommes des parents. Nous sommes des personnes autistes. Nous sommes des professionnels engagés. Nous n’aurons pas de répit.

Genève a la capacité d’être exemplaire en matière de compréhension, d’accueil et d’accompagnement des personnes autistes (ou porteuses de tout autre handicap).

Cela n’a rien de compliqué :

Commencez par cesser de nous dire que tout va bien, que tout est sous contrôle ;

Formez les professionnels, apportez leur des outils, de l’aide, du soutien car il n’y a pas de « situation difficile » ni de « cas lourds », il y a des professionnels qui sont débordés et/ou mal formés ;

Évaluez les capacités des enfants et aussi des adultes autistes et fondez-vous sur leurs points forts pour qu’ils puissent montrer tout leur potentiel;

Et si la tâche vous semble trop complexe, donnez des moyens aux associations et organismes qui sont motivés et engagés, ils ne se poseront pas la question de leur vocation, ils accueilleront ces enfants, ils se mettront en quatre pour répondre à leurs besoins, et ils le feront avec enthousiasme.

Nous ne faisons pas de politique, nous n’avons pas besoin de pouvoir ou de reconnaissance. Nous voulons simplement un monde meilleur pour les personnes différentes. Notre engagement ne faiblira jamais. Nous ne serons jamais découragés. Ceci n’est pas notre travail, ceci est notre vie.

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